Commode aux Oiseaux - Chef d’œuvre de Joseph SCHMITZ

Commode reproduite dans l’ouvrage « Le mobilier français du XVIIIème siècle » par Pierre Kjellberg, édition 1989, page 796

Dimensions : Largeur 146 cm, Profondeur 64 cm, Hauteur 87 cm

Maître en 1761, Joseph Schmitz travailla à Paris pendant le règne de Louis XV. Le soin apporté à sa production explique la rareté de ses œuvres dont il contrôlait seul l’exécution. Dans son ouvrage de référence, Pierre Kjelberg a choisi de reproduire notre commode pour témoigner de « l’excellente fabrication des meubles  de Joseph Schmitz, luxueusement décorés de marqueteries de fleurs, d’oiseaux de trophées … ». Notre meuble est à rapprocher d’une autre commode remarquable de Joseph Schmitz conservée à la Huntington Collection de San Marino, et décrite par Pierre Kjelberg comme « …ornée d’une chatoyante marqueterie florale et d’un riche décor de bronzes rocailles et feuillagés dessinant un grand cartouche central »

Notre commode est une pièce exceptionnelle à plusieurs titres : La largeur des grandes commodes au 18^ème siècle est de 130cm, alors que cette commode mesure presque 1 mètre cinquante. Avec une profondeur et une hauteur classiques, cette commode présente une ligne allongée et extrêmement  élégante. De plus, cette dimension hors norme a permis à Joseph Schmitz de créer un décor luxuriant sans surcharger pour autant son dessin.

Le volume des galbes de cette commode est étonnant, que ce soit sur  la façade ou sur les côtés. Il s’agit d’un modèle qui présente deux tiroirs sans traverse, le tiroir inférieur constituant un tablier dont les dimensions généreuses sont cohérentes avec celles du meuble. Le dessin des pieds est sophistiqué, pour donner à la commode des proportions parfaites et créer une ligne tendue qui prolonge la découpe des ceintures.

Il faut s’attacher à la qualité exceptionnelle du placage : De nombreux volatiles et insectes ont été positionnés dans un décor végétal soigné.  La précision millimétrique des découpes de bois permet de respecter un dessin riche et précis. Filets, cartouches et réserves rythment la composition dont les contrastes importants résultent d’une grande variété de bois exotiques, amarante, bois de rose, sycomore, filets de bois clair, et bois de violette. L’exécution des éléments végétaux utilise également la technique de brulage au sable, pour ombrer les éléments de placage et donner de la profondeur à la marqueterie. Dans le même but, une fine gravure, encore bien présente sur l’ensemble du placage, a été réalisée par l’ébéniste.

La garniture de bronze rocaille présente une ciselure de haut niveau. Leur dorure, très certainement d’origine, est encore dans un très bel état. Les modèles des bronzes sont riches, mais Joseph Schmitz a souhaité que cette ornementation relativement sobre pour un meuble de ce niveau, laisse sa part à la marqueterie exceptionnelle. Le dessus de marbre est une belle brèche d’Alep, soigneusement choisie.

Cette commode vient d’être parfaitement restaurée dans un des meilleurs ateliers Parisiens. Elle est dans un état remarquable, ayant conservé la quasi-totalité de son placage, la totalité de sa structure, ses bronzes d’origine et leur dorure, ainsi que son marbre. Elle est estampillée sur l’un des montants de chêne, sous le marbre.